
Quels sont les trois ingrédients clés qui feraient bondir James Bond de son canapé – pour peu qu’il en ait un ? Les bolides exclusifs, une beauté féminine de rêve et un Vodka Martini, secoué, pas remué… C’est également le nombre d’ingrédients dont doit être composée une boisson pour pouvoir être appelée cocktail selon les connaisseurs.
Peut-être que le chiffre trois résonnait encore dans l’esprit d’Ian Fleming, lorsque le célèbre père spirituel de Bond lui a donné son nom de code 007, combinant ainsi les deux chiffres porte-bonheur. Toujours est-il qu’à l’origine, le Vodka Martini n’était pas le cocktail préféré de Bond. Dans Casino Royale, la toute première aventure de Bond, celui-ci commande un Martini Vesper à la table de poker. En fait, ce fameux cocktail porte le nom de la seule femme qui a su conquérir le cœur du célèbre agent secret. Au demeurant, la légende du Dry Martini arrive beaucoup plus tard dans la célèbre série. Par ailleurs, lorsque Casino Royale a fait son entrée dans les salles de cinéma en 2006, le succès du Vesper était tel que Lillet, le fabricant bordelais attitré, n’a pas pu suivre les commandes et s’est retrouvé en rupture de stock. Et, un Vesper sans Lillet, c’est impossible !
Pour réaliser un cocktail délicieux, il faut évidemment utiliser les bons ingrédients. Comment, où et quand les recettes des cocktails ont vu le jour, personne ne le sait, s’il y a déjà des recettes du tout. Par ailleurs, l’origine du nom ‘cocktail’ est également un vrai mystère. Il existe plusieurs histoires à ce sujet, dont deux semblent à peu près crédibles.
Des plumes de coq
Le mot ‘cocktail’ viendrait du franglais « coq’s tail ». Pendant la guerre civile américaine, le bar de l’Irlandaise Betsy Flanagan était souvent fréquenté par des soldats américains et français qui combattaient ensemble contre les Anglais. Betsy avait fabriqué une boisson alcoolisée et l’avait décorée avec des plumes de coq. Un officier français était tellement impressionné qu’il a levé son verre en criant : Vive le coq tail ! Comme les cocktails sont encore généralement présentés avec des garnitures colorées, cette histoire semble donc tout à fait plausible.
La deuxième explication est également d’origine française. Le mot ‘cocktail’ viendrait du mot français ‘coquetier’. Au début du XIXe siècle, les coquetiers étaient utilisés pour servir des boissons à la Nouvelle-Orléans. Comme les ‘jiggers’, ou doseurs de bar, ressemblent encore toujours à des coquetiers, il y a peut-être aussi un soupçon de vérité dans cette explication.
Un remède contre la gueule de bois
Avant même qu’il y eût un nom pour des boissons alcoolisées mixtes, il n’était pas rare que des buveurs enthousiastes mélangeaient successivement différentes boissons. Se lever avec une gueule de bois après une consommation excessive d’alcool est probablement un mal de tous les temps. Au 17e siècle, un certain Richard Stoughton avait commercialisé à Londres un élixir « fix all » très concentré, qui aurait un effet curatif sur les nausées ou les pertes d’appétit causées par une consommation excessive d’alcool ou par des maladies. En d’autres mots : c’était un remède contre la gueule de bois ! Il fallait diluer le produit avec, à l’origine, une bonne cuillère à café d’eau. Toutefois, l’eau fut très vite remplacée par de la bière, du vin ou même un verre de cognac.
Plus tard, dans le ‘Nouveau Monde’, où l’on trouvait facilement des alcools tels que le whisky et le rhum, mais aussi du sucre bon marché en abondance et de l’eau potable, le fameux remède connut partout beaucoup succès. En effet le « médicament » permettait de boire à volonté et sans problème de l’alcool dilué avec du sucre.
En 1830, lorsque les boissons réfrigérées étaient devenues à la mode, le cocktail a reçu l’eau glacée ou les glaçons qui lui manquaient encore. Comme le sucre ne se dissout pas facilement dans l’eau froide, les barmans ont appris à préparer des sirops de sucre, parfois enrichis d’un goût de framboise ou d’amande. En même temps, ils allaient pouvoir donner libre cours à toute leur créativité !
Qu’est-ce qui se cache derrière un nom ?
Les cocktails tirent souvent leur nom de personnes réelles. C’est par exemple le cas du Negroni que nous servons dans notre Cinna-Bar. Le comte Camillo Negroni avait l’habitude de boire un Americano au Café Casoni à Florence. Mais un jour, comme il voulait essayer quelque chose de différent, il a demandé au barman Fosco Scarelli de corser un peu l’apéritif en utilisant les mêmes ingrédients, mais en remplaçant l’eau pétillante par du gin. Le reste, c’est de l’histoire.
Il est temps de se mettre au travail ! Cette semaine, choisissez le jour le plus approprié pour organiser une soirée cocktail. Vous pouvez le faire avec des amis si vous gardez le contact virtuel. Et qui sait, peut-être parviendrez-vous à inventer votre propre mixture délicieuse qui immortalisera votre nom. Sinon, essayez un Vesper ou un Negroni. Voici les recettes.
Negroni
2cl de Campari
2cl de vermouth rouge (Martini, Cinzano)
2cl de gin
Des glaçons
Une tranche d’orange
Verser les ingrédients sur les glaçons dans le verre. Remuer légèrement et servir avec une tranche d’orange.
Vesper
1 bouteille de gin
1 bouteille de vodka
1 bouteille de Lillet (vermouth français)
Verser dans un shaker 3 mesures de gin, 1 mesure de vodka, ½ mesure de Lillet. Mélanger le tout et servir froid dans un verre à cocktail avec un zeste de citron épicé torsadé et deux olives sur un bâtonnet.